D’apprendre, comme nous le permet son préfacier Ghislain Pierre, que sous Alain Berthier se cache Alain Lemière (1901-1984), ami de Louis Guilloux, cofondateur du fugace vorticisme à la française et administrateur de la revue Bifur, cheville ouvrière des dictionnaires Quillet et auteur pour Hazan d’une tétralogie japonaise, à la fois nous renseigne et nous déroute. Car, avec Notre lâcheté, son unique roman paru Au sans pareil en 1930, il nous livre une de ces rares effractions littéraires où semble s’être déposée toute la lie de la vie, un élixir d’amertume hargneuse, un concentré de désespoir griffu qui font de ce livre un espace à risque. Monologue hanté d’un affligé de l’existence qui semble, muré dans sa réclusion intérieure, s’enliser en soi à chaque seconde un peu plus, soliloque d’un drogué de la souffrance qui va d’une fille l’autre, éperdu de déshérence sentimentale et de sordide sexuel, Notre lâcheté et son anti-héros finissent par toucher terre. Le port où il ancre se nomme Paule, une bourgeoise racoleuse, opulente et décatie avec laquelle il entame une danse de mort et d’humiliation où les coups portent moins que les insultes. Une ronde fatale, décrite d’un parler rêche et sans apprêt, à cru, n’offrant ni jour, ni échappée. Seul horizon à cet asservissement, la veulerie à laquelle, par intérêt, finit de s’abandonner le narrateur. Une pépite oubliée déterrée par Le Dilettante, fidèle à sa vocation d’orpailleur.
Dettagli libro
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Editore
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Testo originale
Sì -
Lingua
Francese -
Data di pubblicazione
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Numero di pagine
124 -
Presentazione di
Sull'autore
Alain Berthier
Alain Berthier n’a écrit qu’un seul livre. Il a fallu que ce soit celui-ci. On ne serait pas surpris d’apprendre que l’auteur a fini dépressif ou meurtrier. Mais ce serait trop simple. Et on sait qu’en littérature il n’est pas besoin d’avoir la gale pour faire suinter la page. Faut-il pour autant laisser à son anonymat l’individu qui a commis cette prose ?